lundi 10 décembre 2018

Parkinson caribéen : le corossol en cause?

Une forme spécifique de la maladie de Parkinson est  détectée en Guadeloupe. Une consommation accrue du Corossol pourrait expliquer certains symptômes.
 
En 1996, une forme spécifique de la maladie de Parkinson a été détectée en Guadeloupe.
« Nous connaissons la maladie avec ses signes classiques, lenteur, tremblements, raideurs. La forme atypique de la maladie est plus sévère et plus compliquée. » Le professeur Annie Lannuzel dirige le service de neurologie au CHU de Pointe-à-Pitre. Elle est rattachée à une unité de recherche à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière de la Salpêtrière, spécialisée dans la maladie de Parkinson et créée par le Professeur Yves Agid, fondateur de Parkinson France. « Les patients répondent moins bien aux traitements. D'autres symptômes se rajoutent aux autres comme les troubles de l'équilibre (provoquant des chutes brutales et incontrôlées), mais aussi des hallucinations » . La moitié des patients sont atteints de paralysie du regard et de dysautonomie (chute de tension lorsque l'on se lève), ce qui rend cette forme de maladie très invalidante.
« Nous avons établi deux photographies simultanées sur deux ans en Guadeloupe, en Martinique et avons obtenu strictement le même chiffre de Parkinson standard et atypique sur les deux îles. Depuis 2018, nous parlons de Parkinson caribéen. Une étude en Guyane est en cours » , poursuit le Dr Lannuzel.
 
Dans les formes classiques de la maladie de Parkinson durant les dix premières années, la médecine arrive à diminuer de moitié, voire totalement, les symptômes moteurs (lenteur, raideurs et tremblements). 
 
Chez les personnes touchées par le Parkinson caribéen, l'amélioration de ces signes moteurs est de l'ordre de 30% en moyenne. 
 
Le Pr Lannuzel a cherché à comprendre pourquoi et comment ces formes sévères s'étaient développées de manière identique sur ces deux îles.
 
« Dès 1996, nous nous sommes focalisés sur six patients atteints du Parkinson caribéen. L'un d'eux avait l'habitude de boire de grandes quantités de tisanes à base de corossol, pour se calmer. Ce fruit a des vertus anxiolytiques et sédatives. On lui a demandé d'arrêter d'en consommer. Sa santé s'est considérablement améliorée. Il a pu remarcher et reprendre son activité professionnelle, ce qui était inenvisageable, au départ. »
Le Pr Lannuzel a alors cherché à savoir si il y avait dans ce fruit une substance capable d'agir sur les neurones qui dégénèrent avec Parkinson.
 
« Il existe dans le corossol une substance, l'annonacine, qui est capable comme certains pesticides, de bloquer la respiration des neurones. Des souris qui consommaient quotidiennement, durant un an, de l'annonacine, développaient les mêmes lésions cérébrales que dans la maladie. » En comparant la consommation de corossol des patients atteints d'un Parkinson caribéen à celle des parkinsoniens classiques ou des non-malades (du même âge), ils ont observé que tous les forts consommateurs avaient une forme atypique. « Nous avons conclu que la consommation d'un fruit par jour pendant dix ans constitue un risque pour la santé."

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